Jacques Atlan
1.
Un conducteur de tramway est chez lui ; c’est la nuit, et il rêve.
Il se voit à son travail, dans son tramway.
A un moment, il croise un autre tramway, où il reconnaît un collègue.
Comme souvent en cette circonstance, il lui fait un signe amical en levant
la main, tout en continuant à piloter le tram.
Mais ce tramway qui croise le sien lui cache aussi une partie du champ visuel,
et, à peine est-il passé qu’un camion portant des bandes rouges
et blanches bien visibles survient à très vive allure.
Deux hommes et une femme sont dans la cabine.
C’est l’accident.
Le choc se produit, avec une très grande violence ;
Les deux hommes sont très grièvement blessés dans la
cabine de pilotage du camion, morts peut-être.
La femme a été éjectée sur la chaussée
; elle est très blessée elle aussi, et elle crie vers lui avec
colère en lui montrant le poing :
- « Vous auriez pu éviter cela ! »
Le conducteur se réveille en sursaut, raconte son
rêve à son épouse ; puis il se prépare et va à
son travail.
Là, il est pris par tout ce qu’il a à faire, et son rêve
pourtant très vif, cesse d’être présent à son esprit.
A un moment, comme ordinairement, son tramway croise celui d’un collègue
auquel il fait un signe en levant la main.
Aucun danger n’est visible. Mais le geste de lever ainsi la main fait que
tout son rêve lui revient.
Sans autre motif que ce qu’il a vu et entendu en rêve, il freine aussitôt
tant qu’il le peut.
A ce moment, un camion à bandes rouges et blanches bien visibles débouche
à très vive allure. Dans la cabine, il y a les deux hommes et
la femme qu’il a vus dans son rêve.
Grâce au coup de frein qu’il a donné, l’accident est évité
de justesse.
Le camion passe, et la jeune femme qui, dans le rêve, était éjectée
sur la chaussée, gravement blessée et qui criait avec colère
:
« Vous auriez pu éviter cela ! »,
lui fait un grand sourire et un geste de remerciement de la main.
Les énigmes du philosophe.
2.
Pour introduire à l’énigme d’aujourdhui, commençons par un très célèbre poème de Charles Baudelaire :
La nature est un temple où de vivants
piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se
confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs
d’enfant,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
Le titre de ce poème, on l’a établi, indique l’influence marquante sur Baudelaire du suédois Emmanuel Swedenborg et de sa théorie des « Correspondances » ( entre l’univers matériel et l’univers spirituel ); de même, le roman de Balzac intitulé « Louis Lambert », et qui fait partie des « Contes philosophiques », raconte comment le héros, un enfant très doué, élève ( et interne ) au collège des Oratoriens à Vendôme, étudie avec passion, entre autres, les œuvres de Swedenborg. Et la théorie des « Correspondances » permet de comprendre comment Balzac veut nous faire saisir « l’esprit » d’un personnage à partir de descriptions minutieuses de son aspect corporel, de son visage, de ses vêtements, de l’aspect externe et aussi de l’intérieur de son logis.
Qui était donc cet Emmanuel Swedenborg ? Il est né en janvier 1688 à Stockholm et mort à Londres le 29 mars 1772. C’était l’un des plus grands ingénieurs de son temps ; il avait fondé la Revue scientifique « Daedalus hyperboreus » ; le Roi de Suède, Charles XII, le nomma Assesseur extraordinaire au Collège des Mines ; il devint, en 1729, membre de l’Académie Royale des sciences de Stockholm. Prenant en quelque sorte la suite de Léonard de Vinci, il imagine techniquement la possibilité des sous-marins, met au point un nouveau système d’écluses, ébauche la future machine à vapeur, conçoit la possibilité d’un appareil volant, met au point une pompe à mercure. En 1719, il avait composé un ouvrage sur le mouvement de la terre et des planètes ; la même année, il avait soumis un mémoire au Collège royal de Médecine en présentant une théorie vibratoire de la force vitale. En 1734, l’Académie des Sciences de St Pétersbourg l’élisait comme membre correspondant et, vers la même époque, l’Académie des Sciences de Paris fit traduire et publier son traité « De Ferro » ( sur les minéraux ), parce que cet ouvrage fut jugé « être le meilleur qu’on possédât sur ce sujet » ; le texte parut à Paris dans la Description des Arts et Métiers. C’est Swedenborg qui introduisit en Suède le calcul différentiel, le calcul intégral ; et il eut aussi, plusieurs dizaines d’années avant la Révolution française, l’idée du système décimal, pour les monnaies et les mesures, afin de faciliter les opérations de calcul et supprimer les fractions.
2
A partir des années 1736-1744, l’horizon de Swedenborg s’élargit; ce scientifique était aussi un chrétien, un protestant, et, un peu comme Platon le décrit à propos d’Er le Pamphylien au dixième livre de son livre « La République », notre savant, aux environs de 48 ou 50 ans, se découvre la possibilité d’effectuer des voyages « en esprit » et de rapporter des « comptes-rendus » précis de ces sortes de « voyages ». Ce chercheur, qui avait donc une très bonne connaissance de l’univers physique, se met à « explorer » aussi les univers spirituels, et à recenser les liens qui, selon lui, existent entre ces deux sortes de réalités. C’est de la comparaison entre le monde physique et ces mondes spirituels et de la réflexion sur les liens entre ces deux ordres d’univers que lui vient l’idée de « Correspondances » que Baudelaire a reprise dans le titre de son poème.
Et voici l’énigme proposée aujourd’hui :
venant de Londres où il avait fait éditer cinq
de ses ouvrages spirituels ( dont le Traité connu intitulé «
Le Ciel et ses merveilles, et l’Enfer » ), Swedenborg arriva à
Göteborg le samedi 19 juillet 1759. William Castel, un négociant
de la ville, invita à dîner ce vieil homme célèbre,
ainsi qu’une quinzaine de personnes. Vers 18 heures, Swedenborg quitte la
compagnie pour quelques instants, puis reparaît, l’air défait,
inquiet, fébrile. Et il dit à la quinzaine de personnes présentes
:
- « Un terrible incendie vient d’éclater dans la partie sud de
Stockholm ; il s’étend rapidement. Toutes ces maisons en bois qui flambent
… »
A plusieurs reprises, il retourna au jardin, revint pour dire que la demeure
d’un de ses amis, dont il donna le nom, n’était plus que cendres et
décombres… Quelques invités de Mr Castel, qui étaient
de Stockholm, commencèrent à s’alarmer.
A vingt heures, après être sorti une dernière fois, il
déclara :
- « Grâce à Dieu, l’incendie est éteint… Il s’est
arrêté à trois portes de ma maison ».
Le soir même, on conta tout cela au gouverneur provincial ; et le dimanche matin Swedenborg fut convoqué chez ce personnage, qui l’interrogea. Swedenborg donna tous les détails sur l’incendie qu’il avait ainsi « vu » à distance ( Stockholm est, environ, à vol d’oiseau, à 400 kilomètres de Göteborg ) ; il précisa comment il avait débuté, combien de temps il avait duré, de quelle manière il avait pu finalement être maîtrisé.
Le lundi soir, un messager arriva de la capitale ; il était
parti de Stockholm alors que l’incendie faisait encore rage.
Le mardi 22 juillet 1759, un courrier du Roi de Suède, Adolphe-Frédéric
de Holstein-Gottorp, se présenta à son tour au palais du gouverneur
à Göteborg. Lui aussi confirma complètement ce que Swedenborg
avait déclaré au dîner qui avait eu lieu le samedi 19
chez William Castel.
Cette histoire fit le tour de la Suède, et le tour de l’Europe. Puisque Swedenborg avait dit vrai sur un événement terrestre que des centaines de milliers de personnes avaient pu constater, ne fallait-il pas envisager sérieusement qu’il dise vrai aussi lorsqu’il décrivait, également à distance, ce qui se déroulait dans les mondes de l’au-delà ?
Ceux qui voudraient plus de renseignements peuvent, dans un premier temps, lire le petit livre de Jean Prieur intitulé : « Swedenborg. Biographie, Anthologie », paru chez F. Sorlot, F. Lanore en 1983. Et aussi, bien sûr, « Louis Lambert », de Balzac.
Les énigmes du philosophe.
3.
Rien de plus intriguant qu’un rêve qui revient avec insistance.
Un ami m’a raconté que, très
régulièrement, au cours de sa petite enfance,
il faisait le rêve suivant :
il était au Paradis.
Là, il retrouvait des amis qui n’étaient
pas ceux qu’il avait près de ses parents.
Il jouait avec ces amis nouveaux, ou très anciens.
La journée se passait ainsi.
Puis, après avoir longuement joué,
l’enfant qu’il était alors sentait la somnolence le gagner.
Ses pensées devenaient plus lourdes,
il s’endormait.
Alors un autre rêve commençait,
on pourrait dire
un rêve dans le rêve :
c’était le matin,
il avait des parents, une chambre, des jouets.
Ses parents, sa chambre, ses jouets.
Bref, la journée se déroulait.
C’était le monde.
Et c’est seulement à la nuit venue
qu’à nouveau,
en rêve, il s’élevait.
Il retrouvait des amis qui n’étaient pas ceux qu’il avait autour de
ses parents.
Il jouait à des jeux de Paradis.
Sa journée se passait ainsi.
Ensuite, au soir de cette journée,
à nouveau, il sentait la somnolence le gagner,
il s’endormait,
et c’était comme un rêve qui reprenait :
il était dans sa chambre,
il avait ses jouets,
il avait ses parents …
La journée se déroulait …
Le soir venu, il s’endormait.
Et là où il parvenait, dans son rêve,
il avait l’impression de s’éveiller d’un songe
et de découvrir la véritable réalité.
A toi de dire, ami lecteur,
et c’est là la troisième énigme :
en Vérité, à quel moment cet enfant rêvait-il ?
Et à quel moment ne rêvait-il pas ?
Pour une version un peu différente, voyez au 4ème barreau de
l’Echelle intitulé
« Contes, Roman, Nouvelle »,
le Conte intitulé
« Le Rêve ».
*
René Descartes, né en 1596,
mort en 1650, est un mathématicien, un physicien, un théoricien
de l’optique et un philosophe très célèbre. Mais
c’était aussi un homme ayant une vie amoureuse. En Hollande,
lui, petit noble français de province, et déjà très
connu, il eut une liaison avec Hélène, une servante hollandaise,
ce qui scandalisa un certain nombre de « bien-pensants » du pays
des tulipes. Le philosophe et la servante eurent un enfant, qui fut nommé
Francine. Mais le scandale et peut-être aussi un désir de liberté
chez Descartes mirent fin à leur vie commune. Quelque temps après,
l’enfant, âgée de cinq ans, tomba gravement malade. Prévenu
par Hélène, Descartes revint en toute hâte et chercha
à guérir son enfant lui-même, car il était ordinairement
son propre médecin. Mais il ne put venir à bout de la maladie
; l’enfant mourut, et Descartes déclara ensuite que la perte
de la petite Francine fut le plus grand chagrin qu’il avait éprouvé
dans sa vie.
« Notre » philosophe ( les étrangers disent assez souvent
que les Français sont « cartésiens », tellement
la méthode et l’esprit de Descartes en philosophie et dans les
sciences nous auraient influencés ) avait cependant constaté
en lui une « bizarrerie » de comportement persistante : il suffisait
en effet qu’il rencontre une femme « qui louche » pour avoir
tendance à tomber amoureux d’elle. On pourrait dire : «
Pourquoi pas ? ». Et d’ailleurs une femme qui louche, comme toute
personne qui serait même bien plus handicapée, est pourtant un
être humain tout à fait digne d’amour ! Mais Descartes,
lui, s’étonna de cet attrait de sa part pour des femmes ayant
ce défaut de vision. C’était pour lui une sorte d’énigme
installée dans sa propre vie.
Alors, un jour, il essaya de comprendre. De
mieux se comprendre lui-même. Il avait l’idée que les bizarreries
de comportement doivent pourtant avoir, quelque part dans notre passé,
des origines et des causes. Et il entreprit de se ressouvenir. A quand remontait
donc son attrait pour les femmes ayant ce défaut de vision ? Il lui
fallut revenir assez loin dans son enfance : lui, petit noble de province
vivant à la limite du Poitou et de la Touraine, dans un village qui,
en son honneur, porte aujourd’hui le nom de La Haye-Descartes ( et où
l’on peut visiter sa maison de famille devenue un Musée ), il
était tombé amoureux, comme on peut l’être parfois
dans l’enfance, d’une petite paysanne qui avait ce défaut
de vision.
On peut remarquer au passage que « devenir amoureux d’une personne
de condition sociale inférieure à la sienne » se répètera
dans sa vie lorsqu’il vécut en Hollande, lui un célèbre
gentilhomme français, avec Hélène, une servante hollandaise.
Descartes, cependant, remonta encore plus
haut dans sa petite enfance et se souvint que sa nourrice, qu’il aimait
beaucoup, était aussi une femme qui louchait. Or nous pouvons aisément
supposer que cette nourrice fut une personne très importante pour le
jeune Descartes car il avait perdu sa mère ; on ne sait pas si c’est
à la naissance ou bien à l’âge de un an. Nous pourrions
dire que la nourrice très aimée et qui louchait fut pour Descartes
une sorte de seconde mère ; ou encore qu’il aima cette nourrice
comme il aurait aimé sa mère s’il l’avait connue
ou s’il avait vécu avec elle plus qu’une seule année.
Et, là encore, il y a une différence de rang social : les familles
nobles recrutaient « des nourrices » pour leurs enfants parmi
les paysannes qui avaient beaucoup de lait et qui pouvaient nourrir et leur
bébé et celui d’une autre femme pendant la période
de l’allaitement, qui durait d’ailleurs plus longtemps qu’aujourd’hui.
Le très jeune enfant qu’était Descartes aimait donc une
femme, sa nourrice, qui était une paysanne, comme la petite fille dont
il tombera amoureux plus tard était une paysanne, et comme la servante
Hélène en Hollande était une simple femme du peuple.
Descartes nous révèle lui-même l’importance pour
lui de sa nourrice lorsque, envisageant bien plus tard sa mort en pays protestant
( il vécut très longtemps en Hollande, puis alla mourir en Suède,
où la Reine l’avait invitée pour être son initiateur
à la philosophie et son conseiller dans les sciences ), il précisa
qu’il voulait mourir « dans la religion de sa nourrice et de son
Roi », c’est à dire la religion catholique.
Mais ce qui pourra paraître le plus énigmatique, c’est qu’après être remonté dans son passé, dans son enfance, jusqu’aux origines et aux causes de son attraction « bizarre » pour les femmes qui louchent, il constata que cette attraction bizarre avait à présent disparu. Il s’en était complètement libéré grâce à son retour sur son propre passé.
Alors, ami lecteur, s’il y a dans ta
vie des choses que tu ne comprends pas bien, des attraits énigmatiques
et assez indésirables, tu pourrais essayer de remonter toi aussi dans
ton propre passé pour t’en libérer :
à quand remonte donc, par exemple, ton attrait mal surmontable pour
les cigarettes qui t’esquintent les poumons et augmentent régulièrement
tes chances de mourir d’un cancer de la gorge ou des voies respiratoires
?
Ou bien encore : d’où vient ton attrait bizarre pour les canettes
de bière ou pour le vin, alors que, tu le sais bien, tu ne te maîtrises
plus lorsque tu es ivre ?
Ou encore, quelle cette passion indésirable
qui te brûles et dont tu ne parviens pas à te libérer
? Comment cette passion a-t-elle commencé ? Dans quel chagrin ou dans
quelle peur étais-tu à l’époque pour te laisser
envahir par ce qui aujourd’hui te domine sans que tu parviennes à
t’en libérer ?
Oui, il y a des énigmes dans ta propre vie. L’exemple de Descartes
nous montre qu’en revenant sur soi-même autant qu’il le
faut, aussi loin qu’il le faut dans le passé, il est possible
de résoudre ces énigmes et de se libérer de certaines
attractions qui dépendent de nous et sont pourtant, pour l’instant,
à la fois indésirables et hors de notre contrôle.
Les deux servantes et le philosophe.
On dirait le titre d’une fable. Mais c’est une histoire vraie.
Donc, au dix-neuvième siècle, un philosophe allemand prénommé Arthur habitait la ville de Francfort-sur-le-Main. Il vivait en célibataire, avait deux servantes, et puis aussi un chien, qu’il avait nommé « Atma », ce qui, chez les Hindous, signifie « Âme du monde ». Les deux servantes étaient logées petitement : elles dormaient toutes les deux dans la même chambre, une chambre pour servantes, « une chambre de bonne », comme nous disons parfois encore aujourd’hui.
Un matin, le philosophe est à son bureau, non pas pour écrire un nouveau chapitre de l’un de ses livres de philosophie, mais pour rédiger une lettre d’affaires, en anglais. L’entreprise où la fortune de sa famille était engagée avait connu une faillite ; le gros livre qu’il avait écrit à trente ans ne s’était pas vendu, et les exemplaires qui restaient avaient même été mis au pilon par l’éditeur. Les affaires, donc, étaient importantes, et elles n’étaient pas toujours faciles à négocier. Il écrivait, comme on faisait à l’époque, avec une plume d’oie trempée périodiquement dans un encrier. Il s’énerve un peu en rédigeant cette lettre ; et voilà, lorsqu’il sort la plume de l’encrier, il renverse ce dernier et l’encre se répand sur le tapis.
Notre philosophe consterné sonne alors pour que l’une des servantes vienne. Il lui montre les dégâts, et la servante commence à nettoyer le tapis tout tâché d’encre.
Au bout d’un moment, elle dit que ce
qui se passe là, ce qu’elle fait, ce qui lui a été
demandé, ce tapis qu’elle est en train de nettoyer à cause
de l’encre qui s’est répandu dessus, c’est exactement
son rêve de cette nuit. Oui, c’est ce qu’elle a rêvé
cette nuit qu’elle est en train de vivre ce matin.
Le philosophe ne la croit pas. « Allons donc ! », lui dit-il.
La servante insiste : mais si, ce qui se passe, c’est exactement ce qu’elle a rêvé ; d’ailleurs, ce matin, lorsqu’elle s’est réveillée, étonnée justement par ce rêve, elle l’a raconté à l’autre servante, celle qui dort avec elle la nuit dans la petite chambre. « Vous pouvez lui demander ».
Le philosophe procède alors à une vérification. Il demande à la servante d’aller dans une autre pièce et il sonne à nouveau. L’autre servante arrive. Il lui demande si sa camarade ne lui a pas raconté un rêve ce matin. « Si ». « Et que disait ce rêve ? » demande-t-il. La servante lui raconte alors que sa camarade s’était vue en rêve agenouillée sur un tapis, dans le bureau du philosophe ; elle avait été appelée pour nettoyer ce tapis sur lequel un encrier était tombé. Notre philosophe, étonné, vit alors que la première servante avait effectivement dit ce qu’elle avait rêvé. Et que donc ses gestes à lui, sa maladresse énervée de ce matin à cause de cette lettre d’affaires, avaient été vus à l’avance, en songe, la nuit dernière, par l’une de ses deux servantes.
Ce philosophe prénommé « Arthur » avait pour nom Schopenhauer ; il a beaucoup influencé un autre philosophe, Frédéric Nietzsche, et aussi le musicien Richard Wagner ; ce dernier lui a même dédicacé personnellement quatre de ses opéras, « L’Or du Rhin », « La Walkyrie », « Siegfried » et « Le Crépuscule des Dieux », et un autre de ses opéras encore, « Tristan », est extrêmement influencé par la philosophie de Schopenhauer.
Schopenhauer a pris très au sérieux cette vision à l’avance, en rêve, par sa servante, de sa propre maladresse à lui, et de ses conséquences malheureuses sur le tapis; sa servante, dans la nuit, avait donc pu « voir » à l’avance un enchaînement de causes et d’effets qui ne s’était rencontré dans le monde matériel que quelques heures plus tard. Ceci, pour lui, confirmait que notre esprit a le pouvoir, pourrait-on dire, de « s’extraire », de temps en temps, et de l’espace, et du temps. Si notre esprit, provisoirement, et notamment la nuit, pendant les songes, n’est plus tout à fait « dans le temps », il est peut-être, en quelque sorte, « au-dessus du temps », « au-dessus » du passé, « au-dessus » du présent, « au-dessus » de l’avenir qui vient vers nous, et il devient alors un peu moins incompréhensible que nous puissions parfois être avertis de tel ou tel événement futur par une prémonition.
En tous cas, c’est l’énigme
d’aujourd’hui : comment expliques-tu, toi, que parfois, certains
soient ainsi avertis à l’avance d’un événement
qui n’a pas encore eu lieu ?
Ou encore, plus largement : comment le monde est-il donc constitué,
comment est-il construit, pour que des phénomènes aussi étonnants
que des prémonitions précises, confirmées plus tard par
l’événement, y soient possibles de temps en temps ?
C’était un petit chat gris et blanc
Qui avait deux mois lorsqu’il a été recueilli
Par quelqu’un qui travaille à la Maison de Retraite
De la ville de Providence,
Dans l’Etat du Rhode-Island
(à l’est des Etats Unis).
Depuis, ce chaton a grandi.
On lui a donné le nom d’Oscar,
Et il est devenu un habitué de cette Maison de Retraite.
Oscar le chat a pris l’habitude
D’accompagner les membres de l’équipe soignante
Lorsque cette équipe fait sa tournée,
De chambre en chambre,
Et de lit en lit.
Dans cette Maison de Retraite,
Certaines personnes souffrent de la maladie de Parkinson,
D’autres de la maladie d’Alzheimer,
Et d’autres, tout simplement, de l’âge qui, peu à peu, leur enlève leurs forces.
Loi de la nature oblige, bien sûr, périodiquement,
Quelqu’un y meurt.
Mais suivons l’équipe soignante
Et observons le comportement du chat qui l’accompagne.
Devant tel lit où une personne est allongée,
Il renifle, et puis il passe.
Même chose pour les quatre ou cinq personnes examinées ensuite.
Et puis voici qu’Oscar s’arrête, renifle,
Et saute sur le lit du malade suivant.
Il s’installe tout près du corps de la personne
Et se place de façon à pouvoir être caressé.
Il reste là, à portée de la main du malade,
Et il ronronne.
Alors l’équipe soignante redouble d’attention
Lorsqu’elle examine la personne.
Car ce comportement d’Oscar est devenu un signe.
Plus de vingt fois déjà,
Lorsque le chat s’est arrêté ainsi
Près d’un lit, puis y est monté
Pour se faire caresser,
La personne, le jour suivant,
Avait cessé de vivre.
Si le chat Oscar se comporte ainsi,
Se blottit contre un patient,
L’équipe soignante sait qu’il faut rapidement
Prévenir la famille
De venir faire à la personne ce qui sera peut-être
Une dernière visite.
Si le pensionnaire est croyant,
Les soignants savent aussi
Que le moment est venu
De prévenir, par exemple, le prêtre
Pour une extrême-onction.
C’est très étonnant tout de même,
Ce chat qui sait, mieux que le prêtre,
A quel moment la mort viendra …
Mieux que le prêtre,
Et mieux que la famille aussi.
Un jour, un membre de la famille d’une malade
S’étonne et demande, un peu irrité,
A sa grand mère allongée :
« Mais qu’est-ce que ce chat fait sur ton lit ? ».
La vieille dame émue et reconnaissante caresse alors Oscar
Et dit qu’il est venu la prévenir
Et l’aider
Afin de passer, plus en douceur, « de l’autre côté ».
Car, désormais, les malades le savent :
Mystérieusement, Oscar le chat semble averti
Du décès prochain de tel ou tel d’entre eux.
L’Agence de Santé de la ville de Providence
A officialisé le rôle d’Oscar
En faisant graver sur un mur de service :
« Cette plaque récompense Oscar le chat
pour ses soins et pour sa compassion ».
Le journal New
England Journal of Medecine
(Journal de Médecine de La Nouvelle Angleterre)
Evoque le comportement d’Oscar
Et les scientifiques s’interrogent :
De quelle façon ce chat compatissant
Obtient-il ses informations ?
Comment peut-être être averti
De ce qu’il semble savoir
Avant nous autres, les humains ?
Le comportement qui consiste, pour un animal de compagnie,
A monter sur le lit de la personne qui va mourir,
M’a été signalé par une amie infirmière.
Peu avant le décès de l’une de ses patientes,
Ses trois chiens
Etaient venus se blottir contre elle,
Sur son lit.
Une autre amie qualifie son chat Kotchik
De « guérisseur ».
L’une de ses activités récentes :
Se blottir longuement, plusieurs jours durant,
Contre la jambe blessée
D’une personne qui logeait chez cette amie.
Une petite chatte joueuse et insouciante, Mana,
A voulu reprendre ses jeux favoris avec Kotchik.
Mal lui en a pris !
Pour n’avoir pas saisi
Que l’on ne vient pas perturber le travail de thérapie d’un chat
Lorsqu’il est en train de se dérouler,
Mana a vu Kotchik lui signifier fortement,
Par un grondement, moustaches retroussées,
Que, pour l’instant, elle avait à aller jouer ailleurs.
A toi de dire, ami internaute :
Que proposes-tu pour tenter d’expliquer cette énigme
Du chat qui sait ?
Pour t’aider dans ta réflexion,
Tu pourrais aller lire,
Peut-être,
L’âme des animaux,
De Jean Prieur,
Aux Editions Robert Laffont (Collection « J’ai lu »).
*
************************************
Réponse.
Lorsque la langue française veut évoquer une période du passé, nous disons par exemple : « Autrefois, il y avait ceci ou cela ». De façon abrégée, nous disons : « Il y avait… », ou bien, en langage plus familier, « y’avait ceci ou cela ». Ou, simplement , « Y’avait… ».
Ecoutons les sonorités que nous employons : au début, dans le passé, autrefois, avant le Big Bang, au commencement des Temps, « Y’avait… ».
Qu’y avait-il avant le Big Bang, ou avant le
commencement des Temps ?
« Y’avait »
Yahvé.
C’est à dire l’un des Noms de l’Eternel
dans l’Ancien Testament.
La réponse est dans la question.
*****************
C’était à la Martinique, il y a un peu plus de cent ans. Le jeudi 8 mai 1902, une éruption volcanique d’une très grande intensité se produit. A partir de la Montagne Pelée, endormie comme volcan, à l’époque, depuis un siècle, une nuée ardente (gaz, cendres et fragments de lave mêlés) s’écoule vers la ville de Saint-Pierre à une vitesse oscillant entre 50 et 130 mètres par seconde. Le phénomène sera foudroyant : très rapidement, la ville entière est en flammes. Les gens meurent par le feu et l’asphyxie. Dans Saint-Pierre détruite, il n’y aura que deux survivants : un détenu, dans une prison ; du fait des circonstances exceptionnelles, il sera libéré et trouvera du travail au cirque Barnum, et un homme qui, lui, ouvrira une épicerie. Il y a 30.000 morts dit Le Figaro du samedi 10 mai 1902; et ce chiffre de 30.000 morts est confirmé, environ un siècle plus tard, par le Quid de l’an 2001.
Quelque temps avant cette catastrophe, un soir de l’année 1902, John W. DUNNE, qui deviendra une sorte d’habitué des rêves prémonitoires, avait fait le rêve suivant :
« J’étais sur une hauteur, à proximité
de la crête d’une colline ou d’une montagne. Le sol était d’une
singulière blancheur. Ça et là de minces fissures, dont
je voyais sortir des jets de vapeur. Je reconnus l’endroit : c’était
un île dont j’avais déjà rêvé, une île
exposée à un imminent péril du fait d’un volcan. Devant
ces jets de vapeur montant du sol : «Mais c’est mon île»,
m’écria-je, saisi d’effroi, «elle va éclater, grand Dieu
!». Car je me rappelai l’histoire du Mont Krakatoa où la mer,
ayant pénétré une crevasse sous-marine jusqu’au cœur
du volcan, se mua aussitôt en vapeur et fit voler toute la montagne
en éclats.
Me voilà saisi du désir frénétique de sauver les
4.000 habitants (j’en connaissais le nombre) qui ne se doutaient de rien.
Un seul moyen d’y parvenir : les évacuer par mer.
Puis ce fut un affreux cauchemar, au cours duquel je me voyais sur une île
voisine, m’efforçant de faire réquisitionner par d’incrédules
autorités françaises toutes les embarcations venues pour recueillir
les habitants de l’île menacée. Envoyé de fonctionnaire
à fonctionnaire, je me démenai tant et si bien que je me réveillai,
alors que je me voyais cramponné encore à l’équipage
du maire qui, allant dîner en ville, me suppliait de repasser le lendemain
aux heures d’ouverture de ses bureaux.
Dans ce rêve, le chiffre de la population menacée fut pour moi
une obsession constante. Je le répétai à tout venant
et lançai au maire, au moment même de mon réveil, cet
appel suprême :
« 4.000 êtres succomberont si vous ne m’écoutez !… »
Je ne saurais dire quand nous reçûmes notre prochain arrivage de journaux. En tous cas le Daily Telegraph fut du nombre et, l’ayant ouvert ; j’y trouvai ceci :
Un grand désastre à la Martinique.
Saint-Pierre englouti par une éruption volcanique
Une avalanche de feu fait plus de 40.000 victimes
Un paquebot anglais est la proie des flammes
Saint-Pierre, capitale commerciale de l’île française de la Martinique ( Indes Occidentales ), ville réputée par sa prospérité, vient de disparaître dans un des plus grands désastres de l’histoire du monde. Jeudi matin, à huit heures, le Mont Pelé, volcan endormi depuis un siècle, etc., etc.
Mais inutile de rappeler ici tous les détails de la catastrophe. Dans une autre colonne, je remarquai l’en-tête suivant, en caractères moins démesurés :
UNE MONTAGNE EXPLOSE…….
Ici une remarque s’impose. Le nombre de victimes
se chiffrait, à en croire les communiqués, non à 4.000,
comme je n’avais cessé de le soutenir dans mon rêve, mais à
40.000. J’étais décalé d’un zéro. Mais c’était
bien 4.000 que j’avais lu, en parcourant hâtivement mon journal, et
c’est ce nombre de 4.000 que j’ai toujours évoqué par la suite
en racontant cette histoire. Ce n’est que quinze ans plus tard, en recopiant
l’article ci-dessus, que j’appris qu’il s’agissait de 40.000.
Mais au prochain arrivage de journaux, nous eûmes des indications plus
précises quant au nombre des victimes. J’appris alors que le chiffre
réel des pertes n’avait rien de commun avec cet assemblage de quatre
zéros dont j’avais d’abord rêvé, et que j’avais cru retrouver
dans le premier article de presse. Ainsi, la vision que j’attribuais à
ma merveilleuse faculté de « clairvoyance » s’était
avérée inexacte, et ceci à son détail le plus
frappant ! Mais l’inexactitude de ce détail allait constituer une donnée
aussi riche d’enseignements que son exactitude. Car d’où m’était
venue, en rêve, l’idée du nombre 4.000 ? N’était-elle
pas apparue dans mon esprit par suite de la lecture de l’article ? Toute l’affaire
n’aurait-elle dès lors constitué, pour employer l’expression
médicale, qu’un cas de « paramnésie de certitude »
? Dans cette troublante hypothèse, je n’aurais rien rêvé
du tout, la lecture de l’article ayant suffi pour faire naître en moi
une idée fausse, l’idée d’avoir, au préalable, fait un
rêve contenant tous les détails rapportés sur le journal
».
Le Temps et le Rêve
John W. DUNNE
( pages 44 à 47 )
Traduit de l’anglais par
Eugène de VEAUCE
Edition française revue par l’auteur
EDITIONS DU SEUIL
1927
Deux ans plus tard, John W. DUNNE fit un nouveau rêve
qui lui sembla prémonitoire. Il y était question d’un très
grave incendie où, à la fin, de lourdes fumées noires
et épaisses, surgissaient d’un immeuble en flammes et asphyxiaient
les gens dehors, bien qu’ils soient déjà sur une passerelle
et que les pompiers, d’en bas, projettent de puissants jets d’eau sur cette
passerelle. Voici ce qu’il dit :
« Décidé, cette fois, à en finir avec la «
paramnésie de certitude », je notais soigneusement à mon
réveil tous les détails de ce rêve, et ce n’est qu’une
fois ce travail terminé que j’ouvris les journaux du matin. Ceux-ci
ne contenaient rien.
Mais les éditions du soir m’apportèrent la nouvelle attendue.
Un grand incendie s’était déclaré dans une usine de la
région parisienne. Je crois qu’il s’agissait d’une usine à caoutchouc,
mais je ne pourrais le certifier . On y travaillait, en tous cas, des matières
dont la combustion dégageait des gaz horriblement toxiques. Un nombre
considérable d’ouvrières, isolé de l’extérieur
par une barrière de flammes, s’étaient réfugiées
sur un balcon. Elles y avaient trouvé, un moment, une sécurité
relative, mais on ne disposait que d’échelles trop courtes pour permettre
de les sauver. Pendant qu’on s’en procurait de plus longues, les pompiers
n’avaient cessé de diriger sur le balcon des torrents d’eau, afin d’empêcher
le refuge de prendre feu. Alors se produisit un fait unique, j’imagine, dans
l’histoire de la lutte contre les incendies. Par les fenêtres brisées
donnant sur ce balcon, la fumée émanant du caoutchouc ou de
quelque autre substance en combustion se mit à sortir en bouffées
si épaisses que les malheureuses jeunes filles, quoique se tenant en
plein air, furent toutes, sans exception, asphyxiées avant que les
échelles ne fussent arrivées à pied d’œuvre ».
Même ouvrage, pages 48 à 50.
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Quelques remarques
( Jacques Atlan ).
L’éruption du Mont Krakatoa avait eu lieu en 1883, en Indonésie,
et la masse de cendres projetées fut si importante qu’elle fit écran
à la lumière solaire et qu’au moins un hiver plus rigoureux
s’en était suivi.
Il est intéressant de voir quelqu’un à l’esprit scientifique,
comme John W. DUNNE, lutter contre le fait qu’il puisse être averti
à l’avance de certains phénomènes. Il en arrive d’abord
à nier qu’il ait rêvé à l’avance la catastrophe
de l’éruption de la Montagne Pelée. Il l’explique par «
un faux souvenir de rêve » qui lui serait venu en lisant, de façon
inattentive, le Daily Telegraph. Cette explication a dû lui paraître
un peu tortueuse puisque, lorsqu’il a, deux ans plus tard, toujours à
propos de la France, un nouveau rêve qui lui semble pouvoir être
prémonitoire, IL LE NOTE SOIGNEUSEMENT AVANT D’ALLER LIRE LES JOURNAUX.
Et il constate ensuite, avec les éditions du soir des journaux, que
son rêve, comme le précédent, avait bien été
prémonitoire ( ou avait manifesté une faculté de pré-cognition
). Un visiteur du site pourrait d’ailleurs retrouver la date exacte de l’incendie
( au cours de l’année 1904 ) en région parisienne, auquel John
W. DUNNE fait allusion.
Dans son livre « Le Temps et le Rêve »,
traduit en français en 1927 (aux Editions du Seuil), John W. DUNNE
réfléchit longuement sur la possibilité de phénomènes
de précognition, il intègre à sa réflexion la
notion de « condensation » (mélange de plusieurs images
pour en former une nouvelle) venue de Freud, et il constate que, pour lui,
- le rêve anticipe parfois sur le futur,
- revient parfois sur le passé,
les deux orientations étant mal discernables à cause du phénomène
de condensation (images du futur et images du passé se mêlant
en un magma onirique difficile à interpréter). Il pense établir
que la probabilité que le rêve soit tourné vers l’avenir
de façon « renseignante » diminue avec l’âge de la
personne.
On peut noter aussi qu’il réfléchit beaucoup sur le fait que
dans son rêve il est question de 4.000 morts, alors que dans le journal
qu’il lit de façon inattentive ensuite, il était question de
40.000 morts. Nous avons vu que d’après le QUID, un siècle plus
tard, le nombre de morts avait été en réalité,
semble-t-il, de 30.000.
Dans son excellent livre : « Les voies secrètes de l’esprit »,
publié jadis chez Fayard, Louisa RHINE (l’épouse de celui qui,
avant la guerre de 40, déjà, faisait étudier à
l’Université, aux Etats Unis, de façon expérimentale,
les phénomènes comme la télépathie et la prémonition)
établit que lorsqu’il y a prémonition, curieusement, la personne
ne voit pas à l’avance l’incident futur ; elle voit dans son rêve,
par exemple un journal qui annonce l’événement futur. Cette
particularité des rêves prémonitoires est en effet vérifiée
dans les deux rêves faits par John W. DUNNE : il rêve à
l’avance de sa lecture, par exemple, du Daily Telegraph.
Si John W.DUNNE avait d’emblée accepté l’idée que quelque
chose comme des rêves prémonitoires existe, il aurait pu être
alerté davantage par son rêve et ENTREPRENDRE DE TOUT FAIRE,
COMME SON RÊVE LE LUI SUGGERAIT, POUR QUE L’EVACUATION PAR LA MER DES
HABITANTS DE LA VILLE DE SAINT-PIERRE SOIT ORGANISEE. Comme l’énigme
N° 1 le précisait, une «pré-monition» nous avertit
(«moneo», en latin signifie : «J’avertis»). Un rêve
pré-monitoire nous dit en fait : «VOUS POUVEZ EVITER CELA»,
«VOUS POUVEZ FAIRE EN SORTE QUE CETTE CATASTROPHE NE FASSE PAS AUTANT
DE VICTIMES», ou même, parfois : «Vous pouvez faire en sorte
qu’il n’y ait aucune victime», et c’est pour cela, c’est dans cet espoir,
que vous êtes averti.
La huitième énigme nous renvoie donc à la première
: notre idée du monde étant ce qu’elle est aujourd’hui, comment
est-il possible de comprendre que, de temps à autre, chez certaines
personnes, des rêves prémonitoires ou des avertissements prémonitoires
surviennent ?
Le conducteur de tramway dont le rêve prémonitoire était
mentionné dans l’énigme N° 1 réussit à éviter
l’accident qu’il avait vu en rêve.
De même, si les humains écoutent un prophète qui les avertit,
eh bien la catastrophe pourtant prophétisée ne se produit pas
; voyez à ce sujet ce qui advient, dans la Bible, au prophète
JONAS : il annonce aux habitants de Ninive que leur ville sera détruite
dans 40 jours s’ils persistent dans leur comportement. Mais les habitants,
du plus riche au plus pauvre, prennent au sérieux les avertissements
du prophète, font tout pour s’amender, et 40 jours plus tard, la ville
de Ninive n’est pas détruite. Et Jonas d’abord en voudra à l’Eternel
de lui avoir fait annoncer des choses et ensuite de ne pas les accomplir !
Il n’avait pas compris qu’un prophète dit en fait aux humains :
- «Une catastrophe vient vers vous. Je l’ai vue. Mais, si vous changez
de comportement, cette catastrophe que j’ai pourtant prophétisée,
eh bien elle ne se produira pas. Vous êtes libres».
Et c’est peut-être ainsi qu’il faut comprendre toutes les prophéties.
*
LES ENIGMES DU PHILOSOPHE
9
Voici quelques photographies d’un arbre mystérieux,
Le Ginko biloba.
Son feuillage est particulièrement beau (jaune d’or)
En septembre et en octobre.
Il y a un Ginko biloba magnifique sur la Place
Clémenceau à Hyères,
Pas très loin de la Porte qui permet de remonter vers la vieille ville.
Il y en a quatre dans le Jardin Alexandre 1er à Toulon.
C’est une sorte de fossile vivant :
Tous les autres arbres de la même espèce que lui ont disparu.
Lui, non.
Il était déjà sur terre
à l’époque où y vivaient les dinosaures.
On discute encore pour savoir ce qui a amené
La disparition des dinosaures sur la planète.
Mais, quoi que ce soit,
Cela n’a pas amené la fin pour les Ginkos bilobas.
Depuis des milliers d’année la médecine
chinoise avait remarqué
Les vertus de cet arbre
Et les utilisait.
Sa longévité et la confiance que l’on peut avoir en lui
Sont évoquées dans son nom qui signifie :
L’arbre que le grand père offre à son petit fils.
Le 6 août 1945 y eut les 140.000 morts
provoquées par l’explosion de la première bombe atomique,
à Hiroshima.
Les humains, les animaux, les végétaux furent anéantis.
Mais, un an plus tard, à la stupéfaction
générale,
Une pousse de Ginko biloba resurgissait de terre,
A grandi,
Et est devenue depuis, à Hiroshima
Un très bel arbre de légende.
Alors, depuis plus de trente ans,
Les scientifiques s’interrogent sur les causes de l’extraordinaire résistance
De cet organisme vivant à l’adversité.
Cherchez donc un Ginko biloba
Qui demeurerait pas trop loin de chez vous,
Et devenez son ami !
Il y a dans le Divan occidental-oriental de
Goethe,
Un poème sur le Ginko Biloba.
C’est le 12ème poème de la Partie intitulée :
Livre de Souleika :
*
La feuille de cet arbre, qui, de l’Orient,
Est confié à mon jardin,
Offre un sens caché
Qui charme l’Initié.
Est-ce un être vivant
Qui s’est scindé en lui-même ?
Sont-ils deux qui se choisissent
Si bien qu’on les prend pour un seul ?
Pour répondre à ces questions,
Je crois avoir la vraie manière :
Ne sens-tu pas, à mes chants,
Que je suis à la fois un et double ?
*
*
ENIGME N° 10.
PREMONITION ?
Le jeudi 29 mars au matin, je me suis réveillé
avec le souvenir d’un rêve vif et précis : au premier plan,
le visage, particulièrement bien coiffé pour la circonstance,
de celui qui prononçait son Discours d’Investiture à l’Assemblée
Nationale en tant que nouveau Premier Ministre : Philippe DOUSTE-BLAZY.
Etait-un simple rêve ? Etait-ce une prémonition ?
Nous le saurons dans les jours qui suivront le second tour de l’Election présidentielle
(après le dimanche 6 mai),
ou bien dans les jours qui suivront le second tour des Elections législatives
(après le dimanche 17 juin).
Mis sur le site le 17 avril 2012
*
...........................................................................................................................A
suivre